Comme un nœud (Mœbius)

Protocole

1) Réaliser une quantité importante d’anneaux de Moebius
2) Diviser la surface des anneaux par leur 1, 2, 3 puis 4 lignes médianes
3) Mettre en place une grille à l’aide de pointes fines
4) Disposer les anneaux sur la grille avec un espacement relatif aux nombres de divisions effectuées sur le dernier nœud posé. La grille se déforme progressivement, dans le temps et dans l’espace.
5) Créer un entrelacs de grilles, reprenant l’entrelacs créé par la division des nœuds de Moebius.

Comme un nœud (Moebius), 2023
Papier calque, pointes
Exposition collective Chrysalide
Frac MECA Nouvelle-Aquitaine

     Comme un nœud joue avec la forme de l’anneau de Moebius. Celui-ci se présente comme un « modèle d’espace » remettant en cause la logique d’un dedans et d’un dehors. Il semble être en trois dimensions mais ne possède qu’une face. Il interroge alors notre perception et surtout notre regard mettant à mal la phénoménologie . En effet, il nous pousse dans les retranchements de notre imagination, territoire où l’espace appartient à la topologie , déplaçant alors notre rapport à l’espace et offrant la possibilité de se projeter dans un espace autre.

    Cette installation propose différentes visions de cette surface non orientable qu’est l’anneau de Moebius à travers une collection de formes. Chaque point de vue de cet objet offre des lignes singulières, une vision nouvelle à chaque regard. Collection incomplète, Comme un nœud met en valeur l’ intérêt même d’une collection : son inachèvement et la quête de l’élément manquant, deux caractéristiques qui entrent en résonance avec le caractère infini des anneaux de Moebius.

    Ce projet s’inscrit également dans une démarche plus globale de dessin élargi. Une composition graphique avec des jeux de lignes se joue dans l’accrochage laissant toutefois l’œuvre comme potentiellement mouvante, par le poids du papier. Cette réalisation propose donc une expérience géométrique de l’espace dans un rapport entre dessin et formes de mises en espace.

    Initié par la rencontre avec le poème de Robert Desnos « L’anneau de Moebius », ce projet nous mène aussi sur des pistes théoriques autour de la théorie des nœuds cherchant à déterminer lors de la présence de plusieurs boucles s’il s’agit toujours d’un nœud unique. L’anneau de Moebius traduit l’impermanence des choses : ce qui était ne sera plus. La transformation dans le temps se traduit par une transformation dans l’espace. Par la nature même de cet anneau, il n’y a plus ni dedans ni dehors. Le papier calque, translucide apparaît lui comme la paroi fragile d’un espace distordu. Notre rapport à l’espace se déplace et n’est ainsi plus mesurable mais relatif à la position des choses dans leur environnement.


« L’anneau de Moebius »

Le chemin sur lequel je cours
Ne sera pas le même quand je ferai demi-tour
J’ai beau le suivre tout droit
Il me ramène à un autre endroit
Je tourne en rond mais le ciel change
Hier j’étais un enfant
Je suis un homme maintenant
Le monde est une drôle de chose
Et la rose parmi les roses
Ne ressemble pas à une autre rose.

Robert Desnos, La géométrie de Daniel, 1939